Plus de 27 personnes de la population civile sont tuées et 30 blessés entre le 25 et 26 avril au local du Caribbean Port Services (CPS) à la Saline. Cette tuerie a survenu lors des affrontements acharnés et violents entre les bandits de la coalition( viv ansanm) et une brigade blindée de la police nationale d’Haiti. Ce bilan n’inclut pas les probables membres de gangs ou de policiers qui seraient aussi victimes dans ces affrontements.

Durant toute la semaine du 22 au 26 avril 2024, les bandits de la coalition viv ansanm ont systématiquement pillé les principaux marchés et dépôts se trouvant dans le bord de mer. Ainsi, le marché Hyppolite, guérit,et divers dépôts à côté de l’APN ont subi la loi des gangs. Ces opérations visent à accaparer toutes les marchandises et produits alimentaires qu’ils trouvent. Et, toujours, après avoir commis leurs forfaits, ils invitent par la suite, la population à participer aux pillages afin de maquiller cette opération sous formes de « déchoucage ».  

Le 25 avril 2024, la coalition des gangs criminels Viv ansanm ont orchestré une opération de pillage au Caribbean Port Services (CPS) situé au boulevard la saline.L’opération visait particulièrement les conteneurs appartenant aux organismes humanitaires. Comme d’habitude, pour se couvrir, ils ont invité les membres de la population civile, notamment les personnes déplacées dans le camp St Joseph, à participer au pillage. Avertit sur la situation, une patrouille blindée de la PNH, a intervenu vers 10 : 30 du matin pour affronter les gangs et mettre fin aux pillages. Il s’en est survenu des affrontements violents et sanglant dont les victimes se révèlent être les personnes déplacées prises entre deux feux.Selon les décomptes des points focaux de CPD il y a 24 personnes tuées sur place dont 21 hommes et 3 femmes pour la seule journée du 25 avril. On y compte aussi une trentaine de personnes touchées par balles ; la plupart ont été conduit à l’Hôpital la Paix et dans d’autres centres de santé pour recevoir des soins.

Les gangs ont récidivé une deuxième fois durant la journée du 26 avril ; l’affrontement survenu avec les policiers ont produits 3 nouvelles personnes tuées dont un homme de 80 ans qui se trouvait devant sa maison et 2 soldats du groupe craché dife.

Les unités de protection et de monitoring au sein de l’organisation CPD lancent un cri d’alarme pour une aide plus soutenu aux PDI de la saline afin de les dissuader de participer aux pillages d’où ils passeront comme des chairs à canon. Les bandits les utilisent comme des boucliers humains, tandis que les policiers ne ménagent personnes dans leurs tires. Cette situation risque d’entrainer des massacres encore plus sanglants si rien n’est fait sensibiliser la population contre les opérations de pillage.   

Unité Protection CPD

L’organisation Combite pour la Paix et le Développement (CPD) a vu le jour un 18 avril 2008 dans le quartier de pont rouge, après les émeutes de la faim qui avaient marqué un tournant sur les mouvements revendicatifs des droits sociaux en Haïti. La société civile haïtienne avait compris qu’il fallait s’engager à lutter pour le respect des droits sociaux économiques au même titre que les droits civils et politiques.

Les actions menées par CPD pendant ses seize ans d’existence témoignent sa fidélité et son engagement incommensurable envers le combat pour le respect et la protection des droits humains de la population haïtienne notamment les droits spécifiques des femmes et des enfants des quartiers précaires. L’organisation a focalisé son regard sur l’application des politiques publiques sensibles aux droits de la personnes humaine, notamment sur l’accès à la justice, la lutte contre les violences sexuelles, la lutte contre la pauvreté, la formation professionnelle des jeunes, la participation et l’intégration communautaire et aussi, le plaidoyer international pour le respect des droits de l’homme.

En guise de bilan, CPD regrette qu’actuellement, les abus et les violations des droits humains n’ont plus de limites en Haïti, notamment dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. La violence des gangs criminels met l’Etat en déroute et la population haïtienne est sans défense. Nous déplorons amèrement que les habitants des quartiers de Cité soleil, Pont-Rouge, la pleine du Cul de sac, de matissant, de Croix des bouquets, du Bas Delmas etc., sont sous le contrôle exclusif des groupes armés. Leur quotidien est fait de meurtre, de kidnapping, de pillage, incendies de maison, de viol des femmes, bref un règne de terreur qui apporte douleur et peine. 

La fuite des emplois, le démantèlement du commerce au centre-ville a sapé les moyens économiques de la population. L’inflation des produits de premières nécessités fait craindre une catastrophe de pénurie alimentaire grave. Le représentant du Programme alimentaire Mondiale en Haïti a d’ailleurs lancé un cri d’alarme le 12 avril dernier de l’épuisement flagrant du stock de nourriture destiné à aider les plus démunis.

Malgré cela, les acteurs politiques pataugent dans la tergiversation et peinent à mettre en œuvre le nouveau cadre de gouvernance du pays. L’Etat est totalement absent, les services publics ne fonctionnent plus, l’Etat a complètement démissionné de ses responsabilités. Les défenseurs des droits de l’homme sont entre l’enclume et le marteau. Le plaidoyer devient inutile, puisqu’il n’y a plus de détenteur d’obligation. Les organisations de la société civile haïtienne autant que celles la communauté internationale sont toutes devenues agents humanitaires.

Face à cette situation, Il n’y a pas de cœur à la fête. C’est un moment de grande solidarité et aussi d’engagement plus que jamais pour que les droits de l’homme ne soient plus oubliés. CPD réaffirme sa volonté de continuer sa mission de défendre les droits de l’Homme pour Tous et partout, malgré vents et marées. Nous en profitons pour dire merci à tous les partenaires nationaux et internationaux qui nous ont soutenu durant ses 16 années. A tous les membres et sympathisants nous disons BON COMBAT.

Fait à Port-au-Prince , le 18 avril 2024

Fritznel PIERRE

Directeur Exécutif