1. Observations générales :

Les incidents sécuritaires survenus à Pont Rouge les 23 et 24 mai 2020 ont occasionné la mort de six personnes et deux sont portées disparues. Dix personnes ont été blessées par balles, 19 maisons ont été incendiées et une centaine ont été pillées.  L’attaque a été orchestrée par les membres du G9 et alliés qui est une coalition de membres de gangs de la région métropolitaine de Port-au-Prince. L’objectif de cette attaque a été d’éliminer tous les groupes rivaux ne faisant pas parti du G9. Il s’agissait aussi de contrôler le territoire dans une perspective électoraliste et faciliter un climat serein pour le bon fonctionnement des entreprises du secteur privé de la zone qui les versent des émoluments régulièrement.    

• Introduction.

1. Le quartier de Pont Rouge est une agglomération de 50.000 personnes environ. Il est composé des rues : Deschamps, Canne, Dessalines , Merle, Odeide, St Onge, Coridor Petit Bois, Raille, Charlotin et Paul Moral. A la fin des années 90, quelques hectares de terre de la maternité Essaie Jeanty a été envahie et construit anarchiquement. Cet espace est devenu un nouveau quartier appelé Chancerelles.

• Le 17 octobre 2018, lors de la commémoration de la mort du père fondateur de la nation haïtienne, le cortège présidentiel et ceux des membres du gouvernement avaient été victimes de jets de pierre après le dépôt d’une gerbe de fleur au pied du monument Jean Jacques Dessalines situé au Pont Rouge. Des tirs à l’arme automatique avaient été aussi entendus. Depuis cet incident, des affrontements sont récurrents entre les gangs armés pro-pouvoir et pro-opposition.

• Les membres de gang du G9 veulent avoir le contrôle géopolitique et géostratégique de la commune de Cité Soleil dont Pont Rouge en fait partie dans une perspective électoraliste et économique.

• En fonction de toutes ces informations que l’organisation dispose, CPD a décidé de diligenter une enquête sur les incidents de Pont Rouge.  

• Méthodologie utilisée par CPD
• CPD a interrogé des témoins de certains faits. La cellule de monitoring a recueilli des informations à partir des entretiens réalisés avec dix victimes directes et les autorités policières et judiciaires.

• Faits produits pendant les incidents

• Le 24 mai 2020, vers les 14h, des jets de pierre ont eu lieu entre deux groupes de jeunes des quartiers de Wharf Jérémie et de Pont Rouge. Une heure plus tard, des tirs d’armes de gros calibre se sont entendus, ce qui a constitué le début de l’affrontement armé entre les gangs de Wharf Jérémie allié de G9 et ceux de Pont Rouge qui avaient préalablement un torchon qui brulait suite à la disparition d’Erseau Nicolas, le chef de gang de Fort Dimanche.

• Accusé d’être à la base de cette disparition, ancien allié de la Saline, de Pont Rouge, de Fort Dimanche, l’équipe de Tokyo va décider de tourner sa veste vers son rival composé des membres de gang des zones de Charbon- Rue St Martin- Delmas 6 – Belekou – Boston- Pélé Simon – Ti Bois et Base Pilate. Désormais, ils sont au nombre de 9 zones alliées communément appelé G9.  

• Le quartier de Tokyo a été le premier à être attaqué. Les gangs qui contrôlaient cette zone ont été capitulés et sont venus se réfugier au Pont Rouge. Les attaques sur Pont Rouge vont arriver vers les 16 h, le groupe venant du Boulevard Jean Jacques Dessalines ayant à sa tête Jimmy Cherizier alias Barbecue, Manino de rue St Martin, James Alexander allais Ti Sonson vont progresser jusqu’à ruelle Deschamps en tuant sur leur passage 4 personnes. Il s’agit de Ricardo Etienne, membre de gang de Pont Rouge, deux jeunes inconnus du quartier sont aussi tués et leurs corps ont été retrouvés sur le toit d’une maison dont l’occupant avait fui avant l’arrivée de la bande armée. Un mécanicien connu sous le nom de Ronel alias Ti Vwazen a été braqué, la somme de 20 000 gourdes lui a été volée selon les témoignages de sa femme. Puis tué, son corps a été calciné et laissé à l’abandon sur une carcasse d’un véhicule incendié.

• Les gangs de Pont Rouge ont été vite capitulés, ils ont pris refuge à Fort dimanche. Vers les 17h15, la bande armée de Wharf Jérémie ont investi les rues Dessalines, Deschamps, Canne, Odeide, Merle, St Onge et Corridor Petit Bois accompagnés d’une équipe de personne ayant à leur possession des armes blanches et des matériels capables d’ouvrir les portes qui sont fermées. Ils ont pillé et incendié une trentaine de maison.

1.  Ils ont demandé aux riverains qui n’ont quitté leur maison d’ouvrir afin de vérifier si les éléments de l’équipe adverse n’ont pas pris refuge dans les résidences. Si rien n’a été aperçu d’anormal, ils ordonnent aux propriétaires de fermer la porte.

1.  Les maisons dont les propriétaires étaient déjà partis avant l’arrivée des gangs, leurs portes ont été brisées et l’équipe qui les accompagnait, ont pillé tous ce qu’ils trouvaient sur leur passage dont des radios, des réfrigérateurs, des lits, des matériels ustensiles, des sacs, des bijoux, de l’argent et des téléphones portables. Après ces actes de pillage, ils les ont incendiés.

1. Cette situation s’est produite dans tous les rues qui englobent Pont Rouge hormis les rues Charlotin, Paul Moral et Chanerelle. Cette opération a duré neuf heures. Une centaine de maison ont subi des fouilles avec trois [1]équipes de gang différents.

1. Selon les témoignages des riverains de Pont Rouge et de nos moniteurs sur le terrain, il n’y avait aucune présence de la PNH, ni des sapeurs de pompiers à l’enceinte de Pont Rouge le 24 mai 2020. Par ailleurs, à la sortie du quartier précisément à peu près 200 mètres de Pont Rouge, trois véhicules blindés de la PNH de couleur grise ont été remarqués. Le pire, ils sont restés passifs pendant tout le temps qu’à durée l’opération du G9 dans la zone.

1. Les riverains qui essayaient de s’échapper par la route de delmas ont été contraints à une interrogation. Ceux de sexe masculin portant un sac à dos se sont fait voler par des hommes armés en cagoule. Une femme résidente de la ruelle Odeide qui s‘était échappée avant l’arrivée des bandes armées a été victime de vol en prenant l’autoroute de Delmas en passant par l’ancienne aviation militaire vers les 17h. En arrivant à delmas 6, elle a été contrainte de donner son téléphone portable et son argent de poche. Un jeune football connu du quartier, qui accompagnait sa grande mère afin de s’échapper de la zone de terreur. En passant par cité militaire vers les 17h30, ils ont été agressés verbalement par trois individus encagoulés. Cette équipe de gang appartient à Jouma Albert, le chef de gang de Simon Pélé.

1. Selon les informations recueillies, Peterson Joseph alias Ti Panès,a été intercepté à l’entrée de la zone de Cité Militaire par deux hommes à moto de la bande à Jouma Albert qui l’ont conduit dans un endroit inconnu pour être tué puis son corps a été calciné.     

• Bilan des personnes tuées et blessées le 24 mai au Pont Rouge  

• Peterson joseph alias Ti Panès, membre de gang de Pont Rouge, tué par les gangs de Pélé Simon
• Ti Roi, tué par les gangs de Pélé Simon
• Ricardo Etienne, membre de gang de Pont Rouge âgé de 16 ans
• Deux inconnus retrouvés morts par balles sur le toit d’une maison située à la ruelle Canne.
• Ronel Jean alias Ti Vwazen, tué et son corps a été calciné sur une carcasse de véhicule après avoir été braqué par les gangs de Wharf Jérémie.

1. Les personnes blessées au cours de l’attaque du 24 mai 2020.
2. Une fillette de 4 ans a été touchée par balles au pied pendant que ses parents s’apprêtaient à quitter la zone de turbulence
3.  3 personnes se trouvant à carrefour aviation dont deux garçons et une femme sont blessées par balles.
4. 5 personnes dont trois (3) de sexe masculin et deux femmes tentant d’escalader le mur de Donbrik situant à la rue Charlotin et Chancerelle ont été blessées par balles.
5. Une personne dont sa maison a été incendiée a fait une chute au moment où elle fuyait la zone.

1. Voici un tableau décrivant le nombre de maison incendiés et pillés

Noms des rues	Nombre de maison incendiée	Nombre de personnes vivant dans ces maisons qui les ont abandonnées (Mère-père- enfants- cousin ou cousines- enfants) 4/personnes approximatives par maison	Nombre de maisons pillées
Rue Deschamps	10	168	42
Ruelle Canne	2	60	12
Rue Dessalines	4	40	10
Ruelle Merle	3	40	10
Rue St Onge	0	60	15
Rue Odeide	0	40	10
Raille	0	20	5
Rue Charlotin	0	4	1
Chancerelle	0		0
Rue Paul Moral	0		0
Total	18 maisons incendiées	392 personnes déplacées à cause de la violence	100 maisons pillées

• Agresseurs présumés (les gangs et leurs chefs)

1. Voici les noms et prénoms : Monel Félix alias Micanord- Andirs Isca- Serge Aclectis- Jimmy Cherisier- James Alexander- Albert Jouma.

• Réactions des autorités policières et judicaire  
• Deux postes de police de la zone métropolitaine ont été contactés le jeudi 12 juin 2020. Il s’agit du sous commissariat de la Saline et de Cité Soleil. On a eu un entretien avec les deux chefs de poste des commissariats qui ont déclaré qu’ils ne sont pas équipés pour intervenir dans les zones sensibles. Depuis, quelque mois, il y a que les unités spécialisées de la PNH qui peuvent intervenir dans certains quartiers. Ils avaient uniquement lancé plusieurs messages d’alertes par radio communication pour que les supérieurs hiérarchiques puissent faire les nécessaires.

• Aucunes personnes victimes ou leur famille n’ont porté plainte aux commissariats de la zone selon les dires des deux chefs de poste.

• Le juge titulaire du tribunal de paix de Cité Soleil, Evens Levesque a déclaré avoir vu les images de corps sans vie à Pont Rouge sur les réseaux sociaux comme tout le monde. Aucun constat n’a été réalisé par le tribunal pour des raisons de sécurité car le lendemain des faits, la zone était encore contrôlée par les gangs du G9.     

G. Analyses

•  La radiographie de l’incident du 24 mai 2020 montre clairement que les droits civils, politiques, économiques et culturels sont violés au cours de ces incidents sécuritaires.  La passivité de l’Etat est démontrée et très mal compris au regard du principe qui veut que l’Etat protége les vies et les biens de tous. En observant l’environnement de Pont Rouge, ceinturé par plusieurs sous commissariats et une unité spécialisée de la PNH, le CIMO, on se pose la question : comment une opération menée par les gangs armés peut durer plus de 8 heures de temps, pour que la police ne soit pas intervenue et que les pompiers ont brillé par leur absence ? 

• Il n’est pas un secret pour personne que l’ancien député Pierre Lemaire de la circonscription de Cité Soleil, allié fidèle de Gabriel Jean Pierre alias Ti Gabriel, le puissant chef de gang de [2]Brooklyn est déterminé à briguer un second mandat. Pour sa part, Andris Iscar présumé chef de gang de Belekou membre influent du G9, a juré sur sa vie d’empêcher l’ancien député Pierre Lemaire d’accomplir son désir de retourner au parlement. En claire, cette violence a un aspect géopolitique considérable, en tenant compte du nombre de bureau de vote que contient le quartier de [3]Pont Rouge.    

• Par ailleurs, le gouvernement Moise-Jouthe envisage d’organiser les élections pour cette année 2020. Cependant, la pacification des quartiers populaires dont Pont Rouge est une condition essentielle à cette dernière. Pour ne pas courir le risque de continuer d’être taxé d’Etat violateur des droits humains, le gouvernement a préféré recourir au G9 et alliés pour éliminer les autres gangs non alignés à leur projet électoral tout en ordonnant à la PNH de rester passif lors de l’opération criminelle du 24 mai 2020.      

• De plus, le facteur économique s’est révélé important dans l’incident du 24 mai 2020.   Les membres du secteur privé des affaires voulant faire fonctionner leurs entreprises au boulevard la Saline et venger l’inspecteur de police Joseph Deniel, qui a été aussi chef de sécurité du magasin « Marché Ti Tony » assassiné par les gangs de Pont Rouge le 20 mai 2020 se sont alliés avec le G9 afin de chasser ceux qui diminuaient leur profit économique.     

•  Au final, ces incidents sécuritaires du 24 mai 2020 a été le début d’une vaste opération criminelle du groupe G9 et alliés qui visait la prise des territoires non-encore conquises de la commune de Cité Soleil. Cette démarche s’inscrit dans une perspective électoraliste à plusieurs niveaux dont le poste de député appartiendra au groupe G9 particulièrement Andris Isca chef de Belekou, le sénat et la présidence seront pour le régime PHTK,     

• Recommandations

• Le CPD recommande à l’Etat haïtien de diligenter une enquête immédiate afin d’arrêter et de juger toutes les personnes impliquées dans les incidents du 24 mai 2020 à Pont Rouge.

• Le CPD exige que le gouvernement haïtien puisse dédommager toutes les victimes dont leurs maisons ont été pillées et incendiées lors des incidents sécuritaires du 24 mai 2020.

•  Le CPD demande à l’Etat de garantir un climat de paix et sécuritaire pour que les déplacés de la violence du 24 mai 2020 puissent retourner dans leur résidence de Pont Rouge.

---

[1]  Equipe 1 : Gangs de delmas 6 ,Rue St Martin – les pilleurs  

   Equipe 2 :Warf jeremie – et les pilleurs

   Equipe 3 : Charbon et chancerelle- les pilleurs

[2] Une zone de cite-Soleil

[3]  39 bureaux de vote lors des élections de 2015 et 2016

10 juillet 2024

Kinam Hôtel, Pétion-Ville

Haïti

1. MISE EN CONTEXTE DE L’ATELIER

Cet atelier sur les enjeux de la protection dans les sites des personnes déplacées internes et les quartiers avoisinants ayant lieu à Kinam hôtel dans la commune de Pétion-Ville le mercredi 10 juillet 2024 a fait suite à la parution de la note de plaidoyer rendue publique par le cluster protection. En effet, il s’agissait pour Combite pour la Paix et le Développement (CPD) de réunir en une journée de réflexions autour de la problématique de la protection des personnes déplacées internes et des quartiers avoisinants tous les acteurs concernés. Les thématiques les plus criantes auxquelles font face les personnes déplacées internes et celles ayant rejoint d’autres foyers dans les quartiers avoisinants ont été abordés. Les enfants non-accompagnés dans les sites des personnes déplacées internes dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, les violences sexuelles, la sécurité, la question de l’état civil et de l’appui psycho-social à la population des déplacées internes dans le besoin ont constitué le menu des échanges de ce jour. Des recommandations sur les besoins, les problèmes identifiés en guise de solution avec une stratégie appropriée sont proposés après les quelques six (6) heures de discussions.

Ont participé aux échanges les institutions et les organismes suivants : MCFDF, IG-PNH-HANDICAP INTERNNATIONAL- ACCEDEM, OCHA, AVSI, CNJLC, DEFENSEURS PLUS, KPTSL, MSF-HOLLANDE, AJCOS, FJKJ, IGPNH, INDEME- ACCEDEH-CHRONIQUE ENFANTS-AKSOFAM, OHCHR, AREV-HAITI, ORRAH- OVDDHMO, FONDATION ZANMI TIMOUN- FONDATION TOYA- CAPAC, REFKAD, CPD, C-JILAP, OIM/DTM – OCHA- UNICEF- OHCHR et dix représentants de comité de site d’hébergement .En gros ,plus d’une cinquantaine de participants ont activement interagi sur la problématique mise en débat au cours de cet atelier.

En guise de rappel, dans la note de plaidoyer il a été fait mention de la crudité de la situation des personnes déplacées internes. Dans ce rapport mis a la disposition des intéressés en mai 2024 et contenant des données à jour au 20 avril 2024, il est recensé à travers la zone métropolitaine de Port-au-Prince, 85 sites pour 195 764 personnes déplacées internes au niveau du département de l’Ouest dont 90 254 représentants 46% sont installées dans les sites.

En raison de cet état de la question bien dressée, le CPD a jugé bon de discuter et d’échanger sur les enjeux de la protection dans les sites de personnes déplacées internes et les communautés avoisinantes en vue d’identifier des solutions concrètes.

• Synthèse des interventions des interventions faites dans le cadre de l’atelier sur les enjeux de la protection des sites des personnes déplacées internes et les quartiers avoisinants en date du 10 juillet 2024
• Avant le lancement des travaux en atelier, la méthodologie adoptée pour la réalisation des échanges a bien voulu qu’une série d’interventions aient lieu. Ainsi, Fritznel Pierre, Juriste de formation et Directeur exécutif du CPD, Me Sterlinda Vital, Avocate au Barreau de Port-au-Prince avec une expérience de plus de 18 abs dont une majeure partie de ce temps au sein des Nations-Unies en Haïti et la République de Centre Afrique, Anson Dacius, Responsable de recherche et de documentation au sein de l’Organisation Citoyenne pour une Nouvelle Haïti (OCNH), Marie Sancia Dossier, Officière de protection du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et Max Boujolly Cadet, représentant des travailleurs sociaux de MSF-Hollande.

• De l’Intervention de Fritznel Pierre, Directeur exécutif de Combite pour la Paix et le Développement (CPD) en guise de Mise en contexte de l’atelier. Il a indiqué que la démarche d’initier ces discussions s’inscrivent dans l’attente des réponses concrètes, des stratégies concrètes bien définies partant des analyses objectives et rationnelles de la situation. Mettre à table les divers acteurs, les agences, les bailleurs et les représentants des Personnes Déplacées Internes (PDI) pour aborder la problématique de la protection tel fut l’objectif crucial de cette journée mentionnée par le responsable du CPD dans ses propos introductifs de la cérémonie.  La démarche consistait également à travailler en synergie afin de rechercher les solutions.

De l’Intervention de Me Sterlinda Vital, Avocate au Barreau de Port-au-Prince, spécialiste en protection de l’enfant avec une expérience de 18 ans dont une majeure partie au sein des Nations-Unies en Haïti et en République Centrafrique autour de la problématique des enfants non accompagnés dans un contexte humanitaire

• Me Vital au cours de son intervention a fait remarquer que sans le soutien de leur famille ou d’autres personnes pouvant les prendre en charge, les enfants non accompagnés courent un risque accru d’exploitation, de maltraitance, de négligence, de recrutement au sein des gangs armes, de s’engager en un travail des enfants, aux risques d’être victimes de violence basée sur le genre, d’être puni en ayant de longues périodes sans accès à l’éducation, ce qui augmente la probabilité de ne jamais retourner à l’école. C’est sans compter sur d’autres atteintes comme celle à l’intégrité physique, au faible accès aux service sociaux de base, aux Stigmas, au Syndrome de stress post traumatique et a toutes sortes de détresse psychologique voire même le Lynchage avec l’expansion du phénomène Bwa Kale.

D’un point de vue de leur statut juridique, Me Sterlinda Vital soutient que la notion d’enfants non accompagnés, bien connue des travailleurs humanitaires et par la CDE, n’existe pas  en droit interne qui reconnait plutôt la notion d’enfants abandonnés. C’est une question préjudicielle parce qu’elle détermine le régime juridique applicable à cette catégorie d’enfants. Malgré cette limitation , les violations qui peuvent être commises contre les enfants non accompagnés sont réprimées ou prohibées par un Ensemble de dispositions internes  dont le décret du 6 juillet sur les agressions sexuelles, la loi du 1e octobre 2001 interdisant les châtiments corporels, la loi du 5 juin 2003 relative à l’élimination de toutes formes d’abus , de mauvais traitements ou traitements inhumains contre les enfants. Pour  les risques encourus, elle a dit que les enfants non accompagnés peuvent etre utilisés pour les pires formes de travail des enfants au sens des conventions 138 et 182 sur l’âge minimum à l’emploi et les pires formes de travail de l’OIT.

• Et, en ce sens ce qui est à faire et proposer par l’intervenante sont les suivants :
• d’appliquer la centralité de l’enfant dans toutes les interventions
• d’effectuer la prévention primaire, secondaire, tertiaire, directe et indirecte
• de prioriser une approche holistique, et /ou à petite échelle quand il le faut

• Ce qui est à donner aux enfants non accompagnés, selon l’experte, doit sortir d’une réponse intégrée, contextualisée, concertée, multidisciplinaire (éducation, Protection, VBG, WASH, etc) tenant compte des stades de développement de l’enfant et de la professionnalisation de la réponse. Pour Me Sterlinda Vital, cette coordination forte demeure une condition sine qua non pour éviter la duplication.

• Cette démarche proposée par Me Vital comprend également l’aspect redevabilité envers les enfants pour maximiser l’éthique avec la localisation de la réponse (les acteurs locaux sont reconnus, valorisés, suffisamment financés, le tout avec le support des partenaires internationaux).

De l’intervention Anson Dacius, Chargé de Recherche et Documentation à l’Organisation des Citoyens pour une Nouvelle Haïti (OCNH) autour de la situation de l’état civil des personnes déplacées internes et le support apporte aux 84 personnes déplacées internes (PDI)

Au nom de l’OCNH, Anson Dacius est revenu sur ce rapport sur l’état civil des déplacés internes visant à documenter les conditions de vie des déplacés de la zone métropolitaine de Port-au-Prince à examiner les conséquences de la perte de documents d’identité et de formuler des recommandations pour aider les déplacés à reconstituer leurs documents et accéder à leurs droits fondamentaux. Les sites de personnes déplacées internes visités dans le cadre de cette enquête sur l’état civil des PDIs incluent Lycée Marie Jeanne, Lycée Fritz Pierre Louis, Centre Colbert Lochard, Marché de Poisson, Larochelle et Paroisse Saint-Charles.

Les résultats des enquêtes menés par l’OCNH qui ont eu leur écho a cet atelier sur les enjeux de la protection des personnes déplacées internes et les quartiers avoisinants ont révélé que douze mille six cent trente-trois (12 633) personnes sont déplacées, dont sept cent trente-trois (733) ont perdu au moins une pièce d’identité. Au total, 952 documents ont été perdus, incluant : 460 cartes d’identité nationale, 399 actes de naissance, 29 permis de conduire, 37 passeports, 13 extraits d’archives et 14 actes de mariage.

Ces données montrent l’urgence de la reconstitution des documents d’identité pour ces personnes déplacées, qui en ont besoin pour accéder aux services sociaux, à l’éducation, à l’emploi, et à l’aide humanitaire.

De l’intervention de Max Boujolly CADET, Superviseur des Travailleurs Sociaux à MSF-Hollande réalisée sur les Impacts des violences sexuelles sur les survivants

D’entrée de jeu, Max Boujoly Cadet a informé que MSF-Hollande travaille avec les personnes victimes de VBG. Et, comme impacts de la violence sexuelle, les faits sont légion et peuvent être considérés :

• En fonction de la santé physique des survivantes ( survivants)

       Grossesse, avortement, IST, VIH, infertilité, infection, blessures, etc.

• De la Santé psychologique des survivants

Sous-estime de soi, suicide, insomnie ,isolement ,ect..

• Barrière de la société  

Les victimes ne savent pas où aller

Sujet tabou

La victime devient la risée de la famille et de sa communauté-stigmatisation

Victime devenir bourreau

Intervention de Marie Sancia Dossier, officière de protection du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme – Méthodologie de la restitution-Constitution des groupes de travail

En sa qualité d’Officière de protection au HCHR, Marie Sancia Dossier a présenté, dans ses propos, l’argumentaire solide de ce que c’est ce combat en vue d’augmenter la protection des personnes déplacées internes (PDI). Son intervention a ouvert la voie à la présentation de la méthodologie de la tenue des ateliers. Ainsi, pour favoriser le bon déroulement dudit atelier, il a été décidé de repartir les groupes en cinq (5) catégories sur des sous-thèmes bien établis pour chacun d’entre eux. Ci-joint, la répartition des groupes par thématique ainsi que les pistes proposées pour les travaux de groupes.

• Constitutions des groupes

GROUPE I

Les appuis psycho-sociaux dans les sites d’hébergement et les quartiers avoisinants

1. Les défis rencontrés par les acteurs de protection et les PDIs
2. Les besoins des victimes
3. Propositions de solution
4. Stratégie à mettre en place pour arriver à la solution

GROUPE II

Les violences basées sur le genre dans les sites d’hébergement et les quartiers contrôlés par les groupes armés

1. Les défis rencontrés par les acteurs de protection et les PDIs
2. Les besoins des survivants (es)
3. Propositions de solution
4. Stratégies à mettre en place pour arriver à la solution

GROUPE III

Accès à la documentation d’identité des PDIs

1. Les défis rencontrés par les acteurs de protection et les PDIs
2. Les besoins des victimes
3. Propositions de solution
4. Stratégie à mettre en place pour arriver à la solution

GROUPE IV

Les enfants non-accompagnés vivant dans les sites d’hébergement

1. Les défis rencontrés par les acteurs de protection et les PDIs
2. Les besoins des victimes
3. Propositions de solution
4. Stratégie à mettre en place pour arriver à la solution

GROUPE V

La sécurité dans les sites de déplacés internes

1. Les défis rencontrés par les acteurs de protection et les PDIs
2. Les besoins des victimes
3. Propositions de solution
4. Stratégie à mettre en place pour arriver à la solution

• Après les deux (2) heures qu’ont durée les travaux en atelier, plusieurs recommandations ont été faites. Vu l’importance des solutions proposées, dans le cadre de ce rapport, la méthodologie adaptée consiste à reprendre en trois (3) groupes les recommandations pour mieux les cerner. Pour ce faire, les recommandations en question vont se retrouver en fonction de ce qu’elles s’adressent à l’Etat, aux agences du système des Nations-Unies ou aux organisations de la société civile.

• La restituions des  travaux en groupe.

Eu égard aux appuis psycho-sociaux dans les sites d’hébergement et les quartiers avoisinants

1. Actions à prendre en fonction des défis rencontrés :
2. Sensibilisation sur l’importance de la santé mentale
3. Plaidoyer sur l’importance de l’appui psychosocial
4. Formation pour les parties prenantes
5. Adopter une approche holistique : intégration des différentes parties, chacun à leur niveau
6. Mettre en place des canaux d’informations fiables (cartographie de service, référencement)
7. Approche centrée sur la personne (identifier les besoins de chaque individu afin de les aider)
8. Mise en place d’un espace sure dans chaque centre d’hébergement afin d’organiser des séances en toute tranquillité.
9. Recevoir les personnes déplacées dans la limite de ce que le centre peut recevoir
10. Déploiement des agents de MAST dans les sites d’hébergement pour apporter leurs supports en matière d’appui psycho-social et psychologique aux PDIs victimes de violence
11. Stratégies à mettre en place
12. Diffuser des messages clés (audio, affiches) en créole dans les centres d’hébergement
13. Afficher les cartographies des institutions qui offrent des services dans ce domaine dans les sites d’hébergement
14. Créer des espaces réservés aux filles et aux garçons respectivement pour les questions d’hygiène
15. Catégoriser les besoins en fonction des priorités
16. Implication des parties prenantes aux différentes échelles de décision

Sur les violences basées sur le genre dans les sites d’hébergement et les quartiers contrôlés par les groupes armés.

1. Actions à prendre en fonction des défis rencontrés :
2. Formation sur les techniques de gestion de cas
3. Favoriser l’inclusion dans les comités de site d’hébergement
4. Accès ou satisfaction des besoins sociaux afin d’éviter les échanges contre des formes sexuelles.
5. Formation sur le PSEA avec les membres de comite des sites d’hébergement

• Stratégies à mettre en place
• Campagne de sensibilisation/ assistance disponible
• Référencement vers d’autres partenaires
• Mécanismes des plaintes et de signalement des cas d’abus et d’exploitation sexuelle dans les sites d’hébergement.
• Partenaires d’implémentation / facilitateurs sont en connaissance du sujet.
• Visites régulières dans les sites afin de s’enquérir sur le comportement des membres du comité et les acteurs humanitaires qui interviennent.

En rapport à l’accès à la documentation d’identité des PDIs

1. Actions à prendre en fonction des défis rencontrés :
2. Mise en place d’un bureau dans les sites d’hébergements afin de faciliter la dotation des PDIs en document d’identité
3. Campagne de sensibilisation auprès des PDIs à se doter d’une pièce d’identité
4. Elaboration des procédures claires et fiables sur la dotation de documents d’identités pour les PDIs
5. Amélioration de la carde d’identité et accès rapides pour les PDIs

• Stratégies à mettre en place
• Exiger de l’Office National d’Identification (ONI) la mise en place des bureaux dans les sites d’hébergement
• Campagne dans les médias et campagne de porte en porte dans les sites afin de mobiliser les PDIs sur la dotation de leur document d’identité
• Exiger de l’Etat une politique publique efficace pour doter les PDIs en document d’identité

Les enfants non-accompagnés vivant dans les sites d’hébergement

1. Actions à prendre en fonction des défis rencontrés :
2. Mise en place d’une structure Etatique (Mairie-IBERS) afin de trouver leur parent ou un proche de la famille.
3. Trouver des familles d’accueil
4. Stratégies à mettre en place
5. Mener des enquêtes dans les zones d’autrefois
6. Faire des référencements aux organes étatiques (IBESR, Affaires Sociales) pour le placement des enfants non-accompagnés

La sécurité dans les sites de déplacés internes

1. Actions à prendre en fonction des défis rencontrés :
2. Réponses multisectorielles adaptées et intégrées
3. Sensibilisation / formation multiples
4. WASH : eau potable, toilette, douche, assainissement
5. Sante : clinique mobile, assistance aux malades qui ont des besoins spéciaux (maladies incurables)
6. Protection : éclairage, dortoir, toilette et douche
7. Accessibilité physique à améliorer
8. Sécurisation de zone
9. Implication active des instances étatiques (BPM, IBESR, PNH)
10. Intégration et participation active de communauté
11. Relocalisation et suivi/ accompagnement post relocalisation

• Stratégies à mettre en place
• Réponse coordonnée / respect des principes et normes humanitaires
• Participation communautaire active
• Collaboration / interaction avec les ONG
• Développer l’acceptance humanitaire.

• Recommandations spécifiques au gouvernement Haïtien  concernant :

• L’Appui psycho social :

1. Déploiement des agents du Ministère des affaires sociales et du travail dans les sites d’hébergement pour apporter leurs supports en matière d’appui psycho-social et psychologique aux PDIs victimes de violence. (MAST)

• Mettre en place des canaux d’informations fiables (cartographie de service, référencement pour les PDIs).( MCFDF)

• Les violences basées sur le genre dans les sites d’hébergement et les quartiers contrôlés par les groupes armés.

1.  Organiser des séances de Formation sur les techniques de gestion de cas pour les ONGs locales et les membres du comité des sites d’hébergement- MCFDF
2. Mise en place des mécanismes de plaintes et de signalement des cas d’abus et d’exploitation sexuelle dans les sites d’hébergement. MCFDF
3. Visites régulières dans les sites d’hébergement afin de s’enquérir sur le comportement des membres du comité et d   es acteurs humanitaires qui interviennent. [1]MCFDF
4. Mettre en place des douches et toilette séparées mobile pour prevenir les riques de violence sexuelle.

• l’accès à la documentation d’identité des PDIs

1. Exiger de l’Office National d’Identification (ONI) la mise en place des antennes dans les sites d’hébergement pour faciliter les cartes perdues ou passées sous flammes lors des attaques des groupes armés dans les quartiers.(MJSP)
2. Mise en place des points focaux d’état civils dans les sites d’hébergements afin de faciliter la dotation des PDIs en document d’identité.( MJSP[2])

• Les enfants non-accompagnés vivant dans les sites d’hébergement

1. Mise en place d’une structure composée (Mairie-IBERS-OSC) afin de trouver leur parent ou un proche de la famille.( MAST-IBERS)
2. Prise en charge des enfants non-accompagnés vivants dans les sites d’hébergement.

• La sécurité dans les sites de déplacés internes

1. Mettre de éclairage dans les sites d’hébergement( EDH)

• Sécurisation des zones contenant des sites d’hébergements ( MJSP-PNH).

• Visite régulière de la BPM- EDUPOL-Police communautaire dans les sites d’hébergements-

• Recommandations spécifiques aux agences humanitaires internationales évoluant en Haïti  concernant :

1. Coordination de l’aide humanitaire à apporter aux personnes déplacées internes en vue d’une meilleure cohésion
2. Respect de la dignité des PDIs lors des opérations de délivrance de ratios alimentaires
3. Appui dans l’augmentation de l’aide en vue de la protection des PDIs dans les sites et quartiers avoisinants

• Recommandations spécifiques aux comités gérant les sites des PDIs concernant :

1. Respect de la dignité des PDIs et de l’éthique des droits humains

2. Non-discrimination contre les minorités (femmes, personnes handicapées)

3. équité dans les distribution avec parité Homme-Femme

---

[1] Ministère condition féminine aux droits des femmes.

[2] Ministère de la justice et de la sécurité publique.